Saturday, January 09, 2010

THE AIRPORT, THE LABORATORY OF THE NEW PANOPTIC SPACES ?


La menace de pandémie liée à la grippe H1N1 a été l'occasion au printemps dernier d'installer dans un certain nombre d'aéroports (ci-dessus à Darwin et Sydney) des scanners permettant un contrôle de la température des passagers. Voir sur ce sujet Masque-Tokyo-Mexico-Parano.

Depuis la tentative d'attentat , il y a une dizaine de jours, dans un avion reliant Amsterdam et Detroit par un terroriste qui s'était enduit une partie du corps d'un produit explosif, une dizaine d'Etats ont annoncé vouloir installer, ou développer l'installation pour ceux qui en sont déjà dotés, de scanners corporels avant l'accès aux zones d'embarquement.

Ainsi se trouve encore accélérer un mouvement d'hyper-contrôle dans les aéroports dont nous avions déjà parler dans Politics at the aiport, contribuant encore un peu plus à casser le peu de magie qui rester à ce lieu qui fut pourtant le symbole même d'une nouvelle modernité associé à ce que certains ont appelé la jet-set.
(voir : Quand British Airways casse - enfin - l'insupportable mythe de la mobilité fluide.)

Aujourd'hui la question que l'on peut se poser, est donc de savoir si dans un contexte de crainte généralisée des pandémies et des attentats terroristes, l'aéroport n'est pas un laboratoire technique et spatiale des espaces urbains du futur ? (Voir pour mémoire, the new normal ?)

On peut aussi - et surtout ! - se demander si les aéroports ne deviennent pas les masters des nouveaux espaces panoptiques du XXI° siècle, comme les a si bien définis et analysés Michel Foucault dans l'incontournable, et plus que jamais nécessaire, Surveiller et punir.

Voilà comment wikipedia résume d'une belle manière les analyse de Foucault sur la prison, première application de cet espace panoptique.

"Rêve de Jeremy Bentham, le panoptique s'impose. Les prisons sont désormais construites selon des plans circulaires permettant au surveillant situé dans une tour centrale d'observer sans jamais être vu, les silhouettes des détenus se détachant à contre-jour sur des fenêtres extérieures via d'autres fenêtres donnant sur une cour intérieure.

Cette architecture permet éventuellement de se passer complètement de surveillant, le seul sentiment d'être observé étant susceptible d'obtenir des captifs une forme d'obéissance. Ainsi, en plus de n'être pas coûteux d'un point de vue économique, la prison moderne est d'abord une entreprise de culpabilisation travaillant les consciences individuelles à travers un regard tout-puissant.

La prison passe alors d'une fonction punitive à une visée "normalisatrice", visant indirectement par les corps l"âme" des détenus qu'il s'agit de redresser. L'institution carcérale et à travers elle la justice moderne détient par la même des pouvoirs d'une ampleur inédite jusqu'ici, le pouvoir n'étant désormais plus concevable selon Foucault sans la relation qu'il entretient avec la connaissance de l'individu. Loin de contribuer à l'"émancipation" de l'Humanité, idéal hérité des Lumières, la Société moderne s'apparente de plus en plus à de la surveillance organisée.
"


Sur le sujet des mutations de l'urbanisme sous l'influence des préoccupations sécuritaires, voir London : paranoiac city to bunher city ou Quand la sécurité est plus rentable que la paix et Inside long beachs new panoptic nerve.

Et pour ceux qui ont un peu plus de temps à consacrer à ce thème, il faut lire dans la revue du Landscape Research Group, le très bon article " The Fortress, the panoptic, the regulatory and the animated: planning and urban design approaches to safer city centres ", mais aussi Les mondes virtuels, sociéte de surveillance panoptique ? et State of Play VI Security Seminar

Et pour bien se persuader que tout cela n'est pas de la fiction, ni de la paranoïa, voir le post "NYPD mobile folding miradors", et le commentaire d'un certain Clément, non dénué d'humour.