Tuesday, March 01, 2016

VERS DE NOUVELLES MISÉRICORDES URBAINES ?

miséricorde - def - 2- "Sorte de console placée sous le siège relevable d'une stalle d'église et servant, quand ce siège est relevé, à s'appuyer tout en ayant l'air d'être debout. (Les menuisiers des XVe et XVIe s. les ont sculptées de mascarons ou de petites scènes d'une grande fantaisie.) Petite saillie sous une stalle d'église sur laquelle on peut s'appuyer lorsque le siège est relevé et paraître se tenir debout."
Pour prolonger mon précédent post "et si les voitures devenaient des bancs publics", je voulais vous proposer ci-dessous un très beau texte d'Yves Clerget. Créateur des "Promenades urbaines", mais handicapé par une grave maladie dégénérative, il a très rapidement cherché des petites zones de confort pour pouvoir se reposer lorsqu'il marchait trop longtemps dans la rue.
(...) "Devenant infiniment plus sensible à cette opposition ville hostile / ville hospitalière ; repos / fatigue j’ai gambergé sur les endroits, les lieux de protections et de repos du corps offerts aux personnes 
Havres de circonstances en dehors  des espaces fait pour ça (parcs , jardins etc.). J’ai été  très déçu : à part les capots des automobiles, et les glissières pas grand-chose, les petits équipements type bancs publics sont rares souvent inexistants, ils se raréfient même pour répondre à la sacrosainte loi qui fait que tout arrêt en milieu urbain est un péché contre l’ordre public, question de sécurité et de « prévention situationnelle » (sic) ; circuler !!!  
Mais comment circuler et avec quoi ? 
Je n’en pouvais plus de marcher et je manquais de me rompre le cou en donnant raison à mes médecins et autres conseillers qui trouvaient mon expédition par trop risquée. Il a fallu inventer un truc… que j’ai repris de mon voyage antérieur à Lisbonne : « à la découverte des métropoles par mes chemins de miséricorde en miséricorde » Je devenais chanoine vieillissant de la grande église  métropole et bien sûr dans mon pèlerinage, ma pérégrination urbaine, je n’avais cesse de rechercher les petits coins plus ou moins  hospitaliers occasionnels, pensant à la dynamique du provisoire, je  cherchais et trouvais, de morceaux de route en morceaux de route, de quoi m’appuyer, m’accouder parfois même poser mes fesses  des « miséricordes de fortunes » mais qui pouvaient me permettre  de  continuer ; ces petites choses, parfois des déchets, des rebuts, des morceaux de bois existait bel et bien pour moi comme des havres."
(...) "J’ai trouvé un truc , au moins aussi vieux que les églises romanes : réinventer les miséricordes des chanoines de chœur et en faire un parcours improvisé et aléatoire mais physiquement possible (se dire « oui ce petit coin que je vois  là, je peux y aller sans trop risquer de me rompre le cou)  ; ici un pan de mur un peu penché du bon côté pour pouvoir trouvé un arrêt indispensable à sa bonne gestion corporelle, sinon reposant ... et toujours faire de ces miséricordes opportunes un fragment du perceptible de l’urbain environnant, se délecter du lieu, retrouver l’âme contemplative aux milieu d’un foutoir urbain comme Los Angeles." (...)