Tuesday, May 30, 2017

MONASTÈRE, MANUFACTURE, USINE : C'EST QUOI LA PROCHAINE ÉTAPE ?

"La Religion Industrielle" de Pierre Musso est un livre exceptionnel qu'il faut lire absolument si vous vous intéressez à l'évolution du monde du travail et de l'entreprise. 

Pierre Musso fait la généalogie de la religion industrielle et de l'entreprise à travers trois bifurcations idéologiques et techniques incarnées dans trois lieux symboliques 
- le monastère (XI-XIII e siècles)
- la manufacture (XVII-XVIII e siècles
- l’usine (XIX e siècles)

Ma question : avec la révolution digitale, quel est le lieu qui symbolise l'entreprise ? 
Est-ce encore le bureau ? voir, .

Et est-ce encore un lieu ? 
Ou n'est-ce pas plutôt la connexion, c'est à dire, non plus un lieu, mais des outils, un téléphone et un ordinateur ?

Bref, qu'est-ce qui fait le territoire d'une entreprise aujourd'hui ?

On en reparle le 6 octobre lors du prochain Atelier Transit-City - voir, .

Pour continuer à réfléchir à cette question, voir notamment mon précédent post "quand les usines arriveront par le ciel "

Monday, May 29, 2017

QUAND LES USINES ARRIVERONT DU CIEL

On le sait depuis quelques années, les militaires sont en train de penser un monde ou tout se devrait d'être mobile, léger et modulaire.


Cette approche a son versant industriel: inventer de nouvelles solutions techniques permettant aux soldats de produire eux-même une partie de leurs équipements sur les lieux des conflits. 

Dans un premier temps, cette recherche d'autonomie s'est concrétisée en Afghanistan par l'installation micro-fab lab sous forme de containers équipés d'imprimantes 3D - voir, "Quand l'US Army invente les micro-usines nomades du futur" 

Aujourd'hui, une nouvelle étape est sur le point d'être franchie avec des expérimentations de largages d'imprimantes 3D aux soldats afin de voir comment ceux-ci pourraient monter de façon très rapide et très légère de petites unités de production dans les zones de combats.


Au delà de l'aspect militaire, il faut bien comprendre qu'avec de ce genre d'expérimentation se dessinent les prémisses d'un futur tissus industriel souple et mobile qui va peu à peu irriguer le monde civil - voir, entre autres, "quand Local Motors tue le fordismeet "Mobifactory, l'usine nomade du futur ?".

On retrouve là, les nouveaux imaginaires industriels révélaient dans "Et si demain on avait tous notre usine personnelle modulaire ?" ou dans "Et si le drone tuait l'usine ?"

La micro-usine du futur ?

Tuesday, May 23, 2017

LE F-35 ET LA FIGURE DU CENTAURE

Pour prolonger mon dernier post "Demain qui fera quoi ?", je voulais vous proposer cette analyse d'un stratège de l'armée américaine sur les nouvelles relations hommes/machines.

Pour lui, il faut penser le guerrier comme un centaure associant son corps à une machine intelligente.
"Le F-35 n'est pas un avion de chasse. C’est un capteur-ordinateur volant qui absorbe une énorme quantité de données, les corrèle, les analyse et les affiche sur le casque du pilote. Nous pensons que le F-35 est un engin des guerres à venir car il est une machine qui permet à l'humain de prendre de meilleures décisions." 
"En d'autres termes, le pilote du F-35 est la partie humaine du centaure. L'avion est le cheval." 
"Les drones subordonnés au F35 enrichissent la métaphore avec un homme qui dirige un troupeau robotique."
Pour aller plus loin, lire "Centaur Army : Bob Work, Robotics and the Third Offset Strategy"

Évidement cette figure du centaure peut s'appliquer à de bien d'autres activités que celle de la guerre.

Cette notion de "centaure" nous permet d'imaginer d'autres relations homme/machine que celle de la disparition ou de la soumission de l'homme face à la machine ou au robot. 

Avec le centaure, on parle plus de complémentarité que d'opposition et c'est probablement la meilleure attitude pour penser plus intelligemment demain.

Et sur la stratégie des drones subordonnés à l'avion, voir "De l'avion porte-drones aux drones modulaires ?"

Monday, May 22, 2017

DEMAIN, QUI FERA QUOI ?

Pour prolonger mes récents posts sur la montée en puissance de l'automatisation et de la robotisation ( ou ), je voulais vous proposer ci-dessous quelques planches extraites de l'étude "A future that works : automation, employment and productivité" réalisée par McKinsey sur le possible rôles des robots demain dans quelques secteurs.

Ca vaut ce qua ça vaut - on est pas obligé d'y croire.  Mais cela a le grand mérite d'être clair et surtout d'essayer de déterminer la part des emplois qui sera impactée par la robotisation. Ça pourra en rassurer certains et en inquiéter d'autres.

Être soigné.


Acheter dans un magasin.


Moi ce que j'en retiens, c'est que tous les pans de notre vie quotidienne (et notamment la santé et la consommation) seront touchés. C'est pas une surprise. C'est juste la confirmation d'un changement d'époque et de façon de penser le travail demain.

Entretenir un avion.


Extraire du pétrole sous la mer.

Ce post est à mettre en perspective avec :

Thursday, May 18, 2017

PAS QU'UNE QUESTION SOCIALE, MAIS QUAND MÊME ...


Les images ci-dessus font le lien entre mes deux précédents posts, l'un sur la question sociale que pose les véhicules autonomes (), l'autre sur la nouvelle forme des bateaux ().

Ces images sont celles qui ont accompagnées l'annonce il y a quelques jours, du lancement en 2018 du premier porte-containers entièrement autonome zéro-émission.

Pour les explications factuelles sur ce projet, il faut lire .

Et pour ceux qui préfèrent les vidéos, il faut regarder .

Ce navire autonome peut être vu comme un formidable progrès si on lit "Autonomous ships will be great" sur bloomberg.com.

Moi, de cet article, j'ai plutôt retenu l'extrait ci-dessous.

"By one consultant's estimate, moreover, carrying sailors accounts for 44 percent of a ship's costs. That's not just salaries: crew quarters, air-conditioning units, a bridge (which typically requires heavy ballast to ensure a ship's balance) and other amenities take up valuable weight and space that might otherwise be used for cargo."

Oui, c'est brutal et ça pose de vraies questions sur l'évolution de la marine demain.

Car on sait que demain tout ce qui pourra être robotisable, le sera, notamment les navires de marine marchande.

Voir, les visions ci-dessous de Rolls-Royce en vidéo, .

Et pour continuer à réfléchir à cette question, je ne peux que vous renvoyer une fois de plus vers les recherches de l'armée américaine particulièrement précurseurs dans ce domaine
- "et si les containers devenaient des robots ?"
- "trois étages de drones ?"

Wednesday, May 17, 2017

PAS QU'UNE HISTOIRE DE FORME, MAIS QUAND MÊME ...

Même si l'évolution de la marine de guerre depuis vingt ans est surtout une histoire d'électronique, l'évolution de la forme des navires depuis une décennie est impressionnante.

On est passé d'un joyeux bazar un peu débraillé qui ne cachait rien à une herméticité radicale et très secrète qui cache tout, notamment pour contrer les techniques de détections électroniques.

Avant, on voyait tout. Maintenant on ne voit plus rien.

Sur cette question, voir :
- "c'est quoi la forme d'un bateau demain  ? (1)"
- "c'est quoi la forme d'un bateau demain ? (2)"


Et pour apprécier totalement l'image ci-dessus, voir .

Tuesday, May 16, 2017

ET SI "OLLI" INCARNAIT UNE VRAIE REVOLUTION INDUSTRIELLE, SERVICIELLE ET... SOCIALE ?

Ce post est le prolongement direct du précédent "quand la révolution industrielle et mobile s'incarne dans une voiture".

C'est la même histoire : celle d'une petite équipe ingénieuse qui décide de casser les approche industrielle et mobile traditionnelles pour inventer un nouveau produit et un nouveau service.

L'équipe, c'est celle de Local Motors, dont parle depuis longtemps dans ce blog (voir ou , entre autres)

Le produit, c'est le Olli, un véhicule autonome dont on avait déjà parlé il y a plus d'un an dans "et si Local Motors devait aussi révolutionner la voiture autonome ?"

Aujourd'hui Olli n'est plus un concept-car.

Aujourd'hui Olli est en phase de production, c'est à dire en phase d'impression, puisque Olli va devenir le premier véhicule collectif à être imprimé, après sa petite soeur automobile, .

Pour les détails, il faut lire "the world's first 3D print shuttle Olli".

On a a avec Olli une double rupture qui est une triple révolution :

Révolution servicielle avec la rupture dans la façon de penser ce qu'est un véhicule collectif comme un robot capable d'accepter toutes les mobilités (handicapé, vélo, logistique ...).
Ca c'est positif.

- Révolution industrielle avec une rupture dans les modes de conception (très corps) et de construction (imprimante 3D)
Ca c'est positif.

Révolution sociale avec à terme la fin des chauffeurs de bus mais aussi, d'une certaine façons des ouvriers de l'industrie automobile traditionnelle.

Sur le plan social, Olli renvoie directement à l'hypothèse "quand les riches n'auront plus besoin des pauvres" dont les deux slides ci-dessous sont extraits.


On peut aussi faire l'hypothèse que si l'imprimante 3D tue un certain type d'industrie traditionnelle (fordiste, en gros), elle devrait faire émerger un nouveau tissus industriel plus éclaté et plus créateur d'emplois... mais d'un nouveau genre.
Voir :
- "on regarde où pour penser les micro-factories automobiles du futur ?"
- "et si demain on avait tous notre usine modulaire ?"

On est avec Ollie dans la lignée de nos réflexions sur le travail et la mutation des systèmes productifs - voir Next Factory - et d'un certain nombre de posts parus dans ce blog :
Et si nous étions en train de changer de civilisation ?
Pourquoi la voiture autonome n'est pas une question automobile

Ce post est à mettre en perspective avec :
Comment penser le futur du travail ?
Travailler demain : 2 craintes / 2 espoirs
Un avenir entre fab-labs et algorithmes ?
L'industrie 4.0 va-t-elle tuer le mouvement makers ? 

Monday, May 15, 2017

QUAND LA REVOLUTION MOBILE ET INDUSTRIELLE S'INCARNE DANS UNE VOITURE

La nouvelle révolution industrielle qui va changer à la fois la façon de produire et la façon de bouger peut s'incarner dans 3 techniques symboles : 
- la voiture autonome, 
- le drone, 
- l'imprimante 3D. 

Voir, entre autres, .

Jusque là cette révolution ne s'incarnait dans aucun produit précis.

Aujourd'hui ce n'est plus vrai : cette révolution industrielle et mobile s'incarne dans une voiture imprimée autonome et ... dotée d'un drone.

La voiture imprimée c'est celle de Local Motors, dont on a déjà parlé dans "Quand Local Motors tue de fordism"

Le projet de voiture autonome avec drone s'inscrit lui dans le cadre du programme "Essence of Autonomy" conduit par en partenariat par Local Motors et Mouser Electronics.


Évidement tout cela est encore au niveau du prototype et encore très balbutiant. Mais qu'importe... On sent dans ce projet le début d'une vraie révolution à la fois industrielle (c'est quoi fabriquer une voiture demain ?) et automobile (c'est quoi une voiture demain ?).

Pour aller plus loin sur cette question, voir :
- "Et si après l'Uberisation, on parlait de Localmotorisation ?"
- "Pourquoi la e-Meharie n'est-elle pas imprimable ?"
- "Le drone comme nouvelle prothèse de l'individu connecté ?"

Plus dans Next Factory

Thursday, May 11, 2017

L'AMBULANCE COMME AVANT-GARDE DU LÉGER AUTONOME ?


Pour prolonger mon précédent post "plus léger, plus modulaire, plus techno, plus autonome" sur la façon dont les militaires inventent de nouveaux types de drones volants ou roulants pour demain, je voulais vous proposer ces deux réflexions sur ce que pourrait être une ambulance autonome dans un futur proche.

Des recherches qui, sous une forme ou sous une autre, arriveront un jour ou l'autre dans le domaine civil et dans les villes de demain. À regarder avec attention donc ...


Wednesday, May 10, 2017

PLUS LÉGER, PLUS MODULAIRE, PLUS TECHNO, PLUS AUTONOME

L’obligation de toute armée est de s’adapter, et l’armée américaine l’a fait de façon particulièrement radicale depuis une vingtaine d’années en misant notamment sur la souplesse, la rapidité et la mobilité.

Cette mutation c’est faite à partir des années 90 dans le cadre d’une approche dite VUCA.

Rappelons que VUCA est un acronyme développé dans le milieu des années 1990 par l'armée américaine, et plus particulièrement par le United States Army War College de Carlisle, pour décrire un environnement mondial fondé sur :
- la Volatilité (Volatility)
- l’Incertitude (Uncertainty)
- la Complexité (Complexity)
- l’Ambiguïté (Ambiguity)

En réponse à un tel environnement, l'US Army a développé une stratégie dite de Light Footprint StrategySa mise en place s'est faite essentiellement via trois outils : les drones, les armes intelligentes et les forces spéciales.

Parallèlement, cette Light Footprint Strategy a conduit l'armée américaine à repenser sa façon d'aborder les territoires via un nouveau type d'approches plus légères, éphémères et nomades, et cela tant sur mer que sur terre.

Aujourd’hui l’armée américaine est passé à une nouvelle étape destinée à définir une nouvelle doctrine du combat pour les 25 ans à venir


Sa vocation ? « A multi-domain battle means a joint forces battle taking place not just in the domains of air and land but also in the domains of sea, space, and cyberspace."

En image, ça peut donner le schéma ci-dessous, où l’on comprend que la guerre de demain sera multi-dimensionnelles et que l’approche traditionnelle terre/air/mer n’ayant plus forcément grand sens, toutes les corps d'armée vont devoir apprendre à travailler ensemble.

L’idée de ce post n’est pas de rentrer dans les détails de cette nouvelle doctrine en cours de construction, mais d’essayer d’en retenir quelques points de réflexion qui pourraient nous aider à penser à quoi ressemblera la mobilité demain, en sachant que les militaires américains ont toujours de formidable défricheur.

La première conséquence de l'armée va demain se battre non plus avec de gros bataillon comme on a encore pu en voir en Afghanistan mais avec de petites unités pouvant se disperser, se cacher et rester constamment en mouvement. 

C’est le modèle des forces spéciales et des commando qui s’impose à tous. " Sur le futur champ de bataille, si vous restez dans un endroit plus de deux ou trois heures, vous serez mort " expliquait récemment un officier supérieur.

L’éclatement des unités ça veut que les lignes d'approvisionnement traditionnelles de l’armée américaines qui ont longtemps fait sa forcé, ne seront plus efficaces. 

Ces petites unités ultra-mobiles vont devoir apprendre à se débrouiller toute seules en étant moins gourmandes, plus légères et beaucoup plus autonomes à tous les points de vue.

Il faut lire à ce sujet le passionnant : "No More Iron Mountains : Lighter Logistics Key Multi-Domain Battle"

Si on essaie d'en tirer des conséquences ou des pistes de réflexion pour penser demain, ça veut dire pas mal de chose, dont ... 

Ca veut dire qu'il faut regarder le soldat comme prototype de l'individu connecté et mobile de demain 

Voir :
- "Military kit / le cyborg contemporain"  
- "Le drone, nouvelle prothèse de l'individu connecté ?"

Ca veut dire qu'il faut regarder le soldat comme prototype de l'individu connecté qui va contrôler autour de lui des engins mobiles qui auront des fonctions multiples, dont celle de la logistique. 

Voir, 

Ca veut dire qu'il faut regarder le nouveau matériel léger des troupes comme peut-être un protide de la voiture de demain qui sera à la fois un engin que l'on conduira, un engin qui roulera de façon autonome, mais aussi un véhicule robot qui a, certains moments, aura une propre activité indépendante de celle des gens qui le contrôle.



Ca veut dire que pour penser à quoi ressemblera un véhicule demain, il faut notamment regarder le e-Rider de Safran - voir la vidéo, .